Cette installation propose une interprétation synthétique d’un fragment de paysage, dans lequel évolue un groupe de pigeons. Elle se compose d’une série de modules sonores type, disposés suivant la trajectoire effectuée par les oiseaux lors de leur envol. Chaque module émet un son très court, en palindrome, matérialisé par le va et vient d’une bande magnétique. L’assemblage de ces éléments (roucoulement-frottement-battement d’ailes-cris) recrée le paysage sonore. Écrire de manière synthétique sous-entend de préciser un décodage adapté. De la même manière qu’une image numérique est plus ou moins lisible en fonction de la distance à laquelle on la regarde (plus on s’éloigne, plus elle devient petite, plus on se rapproche, plus elle se pixellise), les modules sont alignés a équidistance d’une ligne imaginaire qui serait le focus. De part et d’autre de cette ligne, il y a une distorsion de la perception, le son se déforme, accélère, ralentit, change de sens, réagit au comportement du spectateur. Si celui-ci s’arrête, le module comprend que le spectateur propose son degré de définition, le paysage sonore est alors ’ joué ’ dans son ensemble au rythme proposé. Le spectateur évolue donc dans un espace normé mais fragile ou chaque écart provoque une transformation sensible.
Texte : Le Fresnoy ; Vidéo et images : Damien Gernay