Plusieurs grands pans de plastique sont suspendus au plafond. Ils sont chacun reliés à un moteur. A proximité de chaque moteur est fixé un haut-parleur qui diffuse les voix, des bruits de vent, de craquements, de souffles. Le son transmis aux haut-parleurs a été détourné par un montage électronique vers le moteur qui lui est proche : le son fait office d’énergie électrique, provoque la rotation des moteurs. Les voix, elles, font office de chorégraphie, elles commandent la vitesse de rotation des moteurs. La vitesse de rotation varie, la parole est parfois légère comme la bise ou au contraire agitée, intranquille comme la tempête. Il arrive que tous les moteurs soient à l’arrêt, ou au contraire qu’ils tournent simultanément. On peut entendre la pluralité des langues véhiculée à l’intérieur même du français. Nous avons essayé d’enregistrer à Dunkerque et à Marseille ce monde qui tourne en ronde folle, de transposer, ici précisément, l’inconnu dans le familier. Tous les mondes regroupés au sein d’une même ville. Avec chacun, assis à Dunkerque et à Marseille nous avons arpenté un morceau de la carte du monde. Au fil des histoires recueillies, les frontières de cette carte se sont déplacées, ouvertes ou fermées ; les distances réduites ou allongées ; les terres creusées, pliées, dépliées.
Les récits de voyages, les descriptions de lieux proches ou lointain, matière impalpable mais bien tactile venu de là-bas, venu de très loin, caressent plient, sculptent les cartes. Les formes évoluent sans cesse. Les pans offrent un volume physique à la parole. Celle-ci imprime sa trace passagère.
Texte et images : Cléa Coudsi et Éric Herbin
Matériel venant d’Interface-Z
- Matériel dédié.